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Parole aux femmes : comment accélérer l'apprentissage du numérique en Guinée ?
Co-Fondatrice
Crédits photo Mathias Fangamou
A l’occasion de la remise de prix aux gagnants du dernier challenge FATA.school, le samedi 22 juin dans les locaux de l’incubateur Saboutech à Conakry, nous avons réuni un panel 100% féminin, composé de professionnelles, résolument engagées pour la jeunesse et pour le développement de notre pays pour réfléchir à l’amélioration de notre impact dans la formation au numérique.
Amadou S. Tall, étudiant, auteur, entrepreneur, activiste pour l’éducation et l’émancipation des jeunes, a été le brillant modérateur de notre panel.
Dans son introduction il relève deux enjeux majeurs pour la transformation digitale en cours en Guinée : la connexion à l’internet et l’accès à l’électricité doivent progresser pour une acquisition massive de compétences dans les TIC.
Nos invitées sont intervenues sur trois axes d’actions possibles pour une véritable accélération de l’apprentissage du numérique en Guinée :
- Impliquer davantage de femmes
- Créer des vocations dès le plus jeune âge
- Renforcer les partenariats entre acteurs de la formation
Kadiatou Konaté, cofondatrice du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée, nous apporte un éclairage franc sur les défis à surmonter : le système éducatif n’est pas suffisamment performant pour que les jeunes filles se mettent à l’informatique, la société ne les y encourage pas non plus. Il faudrait que parmi leurs aînées, celles qui ont réussi à faire carrière dans le numérique, partagent des expériences, des opportunités et du réseau avec les plus jeunes.
Le témoignage de Mariama Ciré Sylla, enseignante chercheure en sciences physiques, cheffe du département Physique de l’université de Kindia, est exemplaire à plusieurs titres. Il nous prouve que l’encouragement au sein même de la famille, est indispensable pour l’orientation d’une jeune fille dans des matières habituellement dévolues aux hommes. Le monde des sciences exactes n’est pas obscur, il faut démystifier cette perception, et il rend bien des services dans la vie d’une femme. Les parents doivent le comprendre et soutenir les filles qui montrent des capacités en mathématiques dès la jeune enfance.
Kadiatou Diao Diallo, Ingénieure Telecom / ICT Support Officer, ne fait pas l’impasse sur les difficultés à surmonter en tant que femme dans le milieu. Elle s’accorde à dire avec Mme Sylla, qu’il faut avoir des objectifs, une bonne planification de son temps et maintenir le cap. Certes, il y a encore du travail à faire pour changer le regard de la société sur les capacités d’une femme dans les domaines technologiques. Mais il faut savoir que l’informatique regorge d’opportunités professionnelles dans tous les secteurs de métiers.
L’association Femme Tech Innovante fondée par Nene Aissata Bah s’est fixée pour mission de sensibiliser les filles très tôt dans leur scolarité pour qu’elles puissent se représenter dans des métiers où on ne les attend pas. Il est important pour elles d’avoir des modèles de réussite auxquels elles peuvent s’identifier.
Béatrice Kaba, qui est revenue en Guinée pour créer le centre de formation KulturaIT, a constaté qu’il existe des initiatives pour encourager les jeunes à partir de l’université à se former au numérique. Elle recommande de ne pas attendre si tard dans le cursus scolaire pour faire de l’initiation au codage informatique, via des ateliers de robotique par exemple. Avec une pédagogie ludique on peut amener des enfants, même tout petits, à développer des capacités de résolution de problèmes et d’invention de solutions.
Fatoumata Binta Barry, ingénieure et formatrice à Orange Digital Center observe un rajeunissement des jeunes participants à ses ateliers. Leur engouement pour les nouvelles technologies est immense, ils peuvent voir des applications pratiques de ce qu’ils apprennent en mathématiques et en sciences physiques. Ils sont particulièrement fiers de voir exposés dans les locaux d’Orange Digital Center les projets qu’ils ont réalisés en groupe.
Maimouna Diallo, formatrice en marketing digital et responsable du marketing chez Nimba Hub a tenu à inviter les jeunes dans l’audience à se détacher des étiquettes que l’on pourrait leur assigner selon leur environnement, à privilégier leur propre volonté contre l’influence des préjugés sociétaux, pour ne pas manquer des opportunités concrètes qui se présentent.
Nimba Hub, à la tête de l’initiative 1000 Tech Leaders croit en l’excellence guinéenne. Ses formateurs sont recrutés auprès de la communauté des développeurs guinéens via le réseau devscom Le centre de formation travaille en étroite collaboration avec une pluralité d’acteurs du numérique en Guinée dont FATA.school.
Aissatou Baldé, directrice de Simplon Guinée souligne que la pénurie des talents numériques est mondiale et s’étonne que les femmes se saisissent en si faible nombre du potentiel de ce marché. Le nombre de candidatures féminines à des formations Simplon gratuites, certifiantes, et offrant toutes les chances d’avoir un emploi n’est que de 10%
Exemples à l’appui, Armelle Njam, directrice Projets chez Trust Africa nous explique que la connaissance du numérique est devenue indispensable quel que soit le métier exercé. Pour un fournisseur de compétences tel que Trust Africa, la maîtrise de l’informatique est une exigence incontournable des entreprises qui recrutent en Guinée. Elle conseille vivement aux jeunes de faire des CV par compétences pour mettre en valeur leur savoir-faire.
Dans sa conclusion, Amadou S. Tall plaide pour une synergie des acteurs pour une plus grande information des jeunes. « L’information c’est le pouvoir ». Par manque de connaissance, les étudiants peuvent passer à côté d’opportunités de formation, d’emploi et d’expériences extra-professionnelles. Aux acteurs du numérique de s’organiser pour plus d’impact dans l’appropriation de la transformation digitale pour et par la jeunesse guinéenne.
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