Perspectives
La force du bouche à oreille en Guinée
Co-Fondateur
La mission de FATA.school est de créer des formations de référence en programmation informatique pour la jeunesse africaine. Afin de créer une offre en formations adaptée aux besoins de la Guinée, nous avons organisé le concours FATA en mai 2023 pour que les participant.e.s puissent exprimer leurs besoins et leurs aspirations.
Il était d’autant plus important pour nous de faire notre propre collecte de données car les Guinéens sont très peu représentés dans les études existantes. Par exemple, il n'y a que 5 Guinéens sur plus de 70 000 participant.e.s dans l’étude publiée par Stack Overflow en 2022 recensant les besoins de formation chez les développeurs à travers le monde.
Participation au fil du temps
1335 personnes ont participé au concours FATA et 880 d’entre elles ont rempli notre questionnaire. Une fois le questionnaire rempli, les participant.e.s avaient la possibilité d’augmenter leurs chances de gagner le prix (un Chromebook Lenovo Duet) en complétant des activités de codage, en invitant d’autres personnes à participer au concours et en remplissant un quiz. Le concours a ouvert le 1er mai et s'est terminé le 31 mai à minuit. Au total plus de 2000 activités ont été complétées, vous pouvez voir ci-dessous comment l’engagement a évolué au fil du temps.
Comment communiquer avec nos futurs apprenant.e.s?
On peut voir dans le diagramme précédent que le niveau d’engagement n’est pas resté constant au fil du temps. Il y a eu beaucoup d'activités les premiers jours puis cela a diminué avant d’augmenter à nouveau. Il y a notamment deux pics d’activité aux alentours du 11 et du 25 mai. On peut aussi remarquer un surcroît d’activité lors de la troisième semaine du concours entre le 16 et le 21 mai.
Le concours FATA nous a donné l’opportunité de tester différentes méthodes de communication avec nos futurs apprenant.e.s. En corrélant le timing de nos communications et l’évolution de l’engagement sur le concours, nous pouvons estimer l’impact de nos actions :
Nous pouvons en conclure que même si nos passages à la radio 📻 nous ont permis de communiquer la mission de FATA à une large audience, ils n’ont pas donné lieu à un surcroît d’activité sur le concours. En revanche, envoyer un email ✉️ aux participant.e.s pour les encourager à gagner plus de points et faire des présentations dans les université et les conférences 🗣 ont eu l’effet escompté.
D’autre part, les participant.e.s avaient la possibilité d’indiquer comment ils/elles avaient entendu parler de FATA:
WhatsApp est clairement la méthode de communication privilégiée, avec 52% des participant.e.s indiquant avoir entendu parler de FATA de cette façon. “Famille ou Amis” (24%) et enfin Facebook (22%) sont d’autres canaux de communication à retenir.
Si il y a une leçon à retenir c’est que le bouche à oreille a été de loin la méthode la plus efficace pour communiquer avec nos futurs apprenant.e.s en Guinée. Plus de 70% des personnes qui se sont connecté.e.s sur FATA.school pendant le concours l'ont fait après avoir suivi un des liens personnalisé de l’activité “Partager”. Nous étions tellement fascinés par ce phénomène que nous avons publié une vidéo de la croissance du “réseau FATA” sur notre page Facebook. Nous remercions sincèrement tous les participant.e.s qui nous ont aidé à promouvoir le concours FATA, et nous félicitons Mamadou Baldé et Aminata Fofana pour avoir été l’homme et la femme avec les plus de connections! 👏🏾👏🏾
Profils des participant.e.s
Presque 70% des participant.e.s ont entre 18 et 24 ans et 86% ont atteint le niveau universitaire. Ces particularités sont certainement en partie dûes à la façon dont nous avons communiqué sur le concours.
45% des participant.e.s n’ont pas un accès facile à un ordinateur, en revanche 77% ont facilement accès à Internet. De plus, 86% des visites sur le site depuis la Guinée durant le mois de mai ont été faites à partir d’un téléphone. De cela nous tirons deux conclusions:
- Il est essentiel que la plateforme d’apprentissage de FATA soit complètement utilisable à partir d’un téléphone portable.
- Nous devons faire notre possible pour faciliter l’accès à des ordinateurs (par exemple en offrant l’accès à des salles équipées) et pour minimiser le coût des données Internet pour nos apprenant.e.s (par exemple en créant des partenariats avec des fournisseurs).
Les participant.e.s ont clairement exprimé une préférence pour des formations courtes et à coût très modéré: 52% disent avoir moins de 8 heures de disponibles par semaine pour l’apprentissage, souvent à cause d’études universitaires en cours. 70% ne peuvent pas se permettre de dépenser plus de 500,000 francs guinéens (environ 50 euros) pour leur formation.
Plus de 500 participant.e.s (57%) nous ont dit connaître les bases de la programmation et presque 100 d’entre eux ont déjà été rétribué.e.s pour écrire du code. Cela nous permet de valider que le profil des participant.e.s correspond bien à nos futurs apprenant.e.s. Parmi eux, 75% ont 2 ans ou moins d'expérience en codage. Le graphique ci-dessous illustre les technologies que les participant.e.s connaissent déjà :
Et celui ci les besoins de formations les plus souvent exprimés:
Nous étions surpris de voir “gestion de projet” apparaître aussi souvent. Malheureusement il est fort probable que nous ayons accidentellement influencé les réponses avec la formulation de la question:
Nous devrons faire plus attention à ne pas créer de biais d’ancrage dans nos questionnaires !
Avec plus de 70% des personnes indiquant un faible niveau d’anglais, et compte tenu de l'importance de l’anglais dans le domaine des TIC, nous pouvons tout de même être confiants sur les besoins de formation en la matière. De même, il y a clairement beaucoup d'intérêt pour l’intelligence artificielle, la cyber-sécurité et le développement d'applications web et mobiles.
19% des participantes se sont identifiées au genre féminin, et même si cela reste loin de notre ambition de parité, cela nous donne une base de données pour identifier les différences avec le genre masculin.
Par exemple nous remarquons que:
- Les femmes ont la même facilité d’accès à Internet mais moins facilement accès à un ordinateur (47% contre 57%).
- La proportion de femmes disant connaître les bases de la programmation est un peu inférieure à celle des hommes (50% contre 59%) et seulement 12% des femmes sachant coder ont été rétribuées pour cela contre 19% des hommes. Ces différences de capacité à coder sont probablement surestimées si l’on prend en compte les recherches en biais de genre qui indique que les femmes ont tendance à sous-estimer leur compétences par rapport aux hommes.
Nous sommes encouragés par le fait que les femmes étaient deux fois et demi plus représentées parmi les moins de 23 ans: 26% contre 10% chez les 23 ans ou plus (23 ans étant l'âge médian des participant.es).
Activités de codage
26% ont participé aux activités de codage visuel mais seulement 3% d’entre eux ont réussi à compléter tous les niveaux. Cela leur a pris 7 jours et 15 heures en moyenne pour finir.
12% ont participé à la “chasse au trésor web”. Il faut noter que, contrairement à la programmation visuelle, ces activités étaient beaucoup plus difficiles à compléter depuis un téléphone. En revanche, quasiment 14% de ceux qui ont commencé ont réussi à finir, cela leur a pris 5 jours et 18 heures en moyenne.
Toutes nos félicitations à:
- Christine Camara 👏🏾👏🏾👏🏾
- Néné Aissata Bah 👏🏾👏🏾👏🏾
- Aissatou Bobo Diallo 👏🏾👏🏾👏🏾
- Mona Kpadonou 👏🏾👏🏾👏 🏾
- Safiatou Baldé 👏🏾👏🏾👏🏾
- François Gonothi Touré 👏🏾👏🏾👏🏾
- Mamadou Oury Baldé 👏🏾👏🏾👏🏾
- Aliou Albras Cissé 👏🏾👏🏾👏🏾
- Souleymane Bah 👏🏾👏🏾👏🏾
- Ibrahima Diallo 👏🏾👏🏾👏🏾
qui sont les femmes et les hommes à avoir obtenu le plus de points avec les activités de codage. Bravo!
Nous remercions aussi du fond du cœur tous les participant.e.s et toutes les personnes qui nous ont aidé à organiser ce concours. Grâce à vous nous avons maintenant l’information dont nous avions besoin pour lancer prochainement la plateforme d’apprentissage FATA! 🚀
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